Les rêves et leurs interprétations – les différentes interprétations d’un rêve

Les rêves et leurs interprétations

in « Les Voix du Mazet Revue », revue N° 5 – Castelnau-le-Lez 12/1998

L’onirothérapie (ou analyse des rêves) reste une forme de psychothérapie encore méconnue.
Pourtant elle s’adresse à tous ceux qui souhaitent évoluer et mieux se comprendre à travers la
signification de leurs rêves.
Tout d’abord, considérons les principales règles de l’interprétation :

  1. Tout ce qui apparaît dans un rêve est une représentation partielle et caricaturale de soi.
    Exemples : un monstre code une imperfection ; un ange indique une vertu ; le père
    symbolise la fonction paternelle (l’image du père en soi) ; la mère symbolise la fonction maternelle
    (l’image de la mère en soi) ; l’enfant désigne nos réalisations, ce que nous mettons au monde et
    faisons croître de nous même. Un animal, une plante, un paysage, un climat, un chiffre, une forme
    géométrique, un véhicule, un édifice, etc…. codent une partie de notre personnalité… Tout est
    image de soi.
  1. Tous les rêves forment une seule et même histoire, notre histoire, dont nous composons
    chaque nuit une page nouvelle. L’écriture des rêves s’avère donc acte créateur. Pour se rendre
    compte qu’un rêve est la suite du précédent il convient d’utiliser le fonctionnement des analogies, de
    la mutation et de la progression des symboles.
  2. Un rêve a toujours plusieurs interprétations (au moins 7 et quelquefois d’avantage). À
    travers la lecture d’un seul rêve divers aspects de soi peuvent surgir :
    l’enfance, la vie de couple, la vie professionnelle, l’état de santé, un (ou plusieurs éléments)
    liés à l’épanouissement affectif, un aspect de la structure psychologique, le développement de la
    voie psychique, etc…. la thérapie onirologique permet d’harmoniser tous ses aspects.
    L’analyse dans cette pratique thérapeutique donne des éléments interprétatifs (s’il y a lieu de
    le faire) pour aider l’analysé à développer sa conscience et à gagner une maturité plus grande face à
    lui même ainsi, progressivement, le chercheur devient son propre thérapeute.
  3. La thérapie onirologique s’applique à tous les domaines, elle s’associe à tous les chemins
    d’évolution puisque le rêve est un message que le moi supérieur (ou le Soi) nous adresse chaque nuit
    pour notre transformation.
    Les indications thérapeutiques concernent tous les problèmes psychosomatiques : maladies
    physiques, problèmes sexuels, travail de deuil, travail de couple, difficultés professionnelles,
    familiales, relationnelles…

À travers le rêve c’est l’être lui-même qui se dit ce qu’il est, ce qu’il désire, ce qu’il fait et où
il en est exactement. Mais c’est grâce au thérapeute que l’analysé peut décrypter le message et
accéder à la guérison. L’onirothérapeute est le médiateur entre le Soi et le Moi du rêveur. Il sait ce
qu’il faut dire, ne pas dire et comment le dire. Le rêve est un message de méditation quotidien qui
guérit le corps, l’âme et l’esprit.

Pour mieux comprendre la recherche analytique voyons maintenant où se situe le rêve à
travers la notion d’inconscient.
L’inconscient contient simultanément l’inconscient freudien et le supraconscient.
Littéralement, l’inconscient c’est ce dont nous ne sommes pas conscients, ce qui nous pousse à agir
indépendamment de notre volonté. L’inconscient est non verbal, il renferme tout ce que nous
ignorons de nous même, des autres et de l’univers, il nous pousse à penser, à faire ou à ne pas faire,
à notre insu.
Le supraconscient se définit aussi comme le Soi, l’Esprit, le Maître intérieur, en lui
s’originent les rêves ; il est ce qui en nous recherche l’absolu et la perfection, ce qui nous pousse à
élargir notre pensée consciente et à réduire l’inconscient.
L’inconscient ne dirige pas le supraconscient mais il s’y oppose souvent ; il contient tout le
« refoulé », ce que nous ne voulons pas connaître de nous mêmes. L’inconscient imparfait empêche le
supraconscient de diriger parfaitement nos pensées, nos paroles et nos actes. L’inconscient est
composé d’un système de voiles et de verrouillages entre le Supraconscient et le Conscient.
L’inconscient est immense, le Supraconscient d’avantage encore car illimité. Le conscient
quant à lui, est limité car il ne se différencie pas intégralement de l’inconscient pas plus qu’il ne
différencie pas clairement l’inconscient et le Soi.

Celui qui étudie ses rêves peut appréhender l’extraordinaire intelligence du supraconscient (à
la fois analytique, synthétique et intuitive) ainsi que son discernement, ses méthodes de
communication et son langage. L’étude des rêves s’avère abordable par tous ceux qui désirent
ardemment déchiffrer les pages nocturnes sans préjugés ni idées préconçues.

Le préconscient est le message du supraconscient ; il amène au conscient des informations
entremêlées du Soi et de l’inconscient. Il est principalement composé des rêves mais il parle aussi à
travers les tests psychologiques ; il se manifeste lors de certains états de conscience (état
sophrologique, rêve éveillé…). Il est le langage du Soi à travers les masques et les voiles de
l’inconscient.
Ces expériences préconscientes doivent d’abord être mémorisées, puis notées (pour en
conserver le souvenir) et enfin interprétées. Plus l’interprétation est plurielle, plus le champ de
conscience s’agrandit. Grâce à l’onirothérapie la compréhension des phénomènes qui résultent de cet
accroissement de conscience entraîne des transformations positives dans les pensées et les actes.
Ce changement progressif, de la prise de conscience théorique à l’application pratique
constitue ce que nous appellerons : le processus d’intégration. Le soi adresse à chaque message
retour (prise de conscience) un nouveau message aller, suite du précédent. Ce nouveau message
ajoute quelque chose ou éclaircit la page précédente. Ainsi se crée l’amplification du champs de la
conscience et en découle la guérison corps, âme, esprit de l’être.

L’unification continuelle du conscient et du supraconscient entraîne progressivement, nous
l’avons vu, l’élargissement du champs de conscience. La compréhension du rêve ne suffit pas pour
une métamorphose bénéfique ; le rêveur doit encore intégrer cette compréhension pour se
transformer. Les rêves alors ne répètent plus les même messages mais apportent d’autres
informations. Les couches de l’inconscient sont (selon les philosophies de l’Inde) les fameux voiles
de l’illusions (ou Maya).

In « Les Voix du Mazet », revue N7, Castelnau-le-Lez 2001.

Les différentes interprétations d’un rêve.

Il est fréquent de penser qu’un rêve ne comporte qu’une seule interprétation. Il s’agit là d’une faible
approche de la vérité. Les rêves parlent à différents niveaux et les significations d’un seul récit sont
nombreuses. Pour simplifier il est intéressent de dire qu’il existe au moins 7 significations d’une
expérience onirique ; en faite pour les spécialistes une série de rêves peut être interprétée d’une
vingtaine de façons différentes mais complémentaires. Pour gagner cette conscience interprétative
voici un exemple de rêves interprétés de plusieurs façons. La rêveuse a une trentaine d’années ; elle
est éducatrice. L’histoire se déroule deux nuits de suite (du 5 au 6 et du 6 au 7 avril 2000).

Récit du 6 avril :
Je vois un chien ; il est sur le sol, couché, il souffre. Je l’entends crier. Il y a des gens qui
marchent, des enfants qui passent. Je suis très malheureuse de voir ce chien souffrir. Des enfants
me disent que c’est un chien qui a fait l’armée ou la police qui a démoli ce chien. Je reste là à le
surveiller à fin qu’il ne lui arrive rien. Puis j’aperçois deux chiens. J’ai peur qu’ils agressent ce
chien par terre…
De plus ce chien a l’air brave. Il me fait penser à un setter Irlandais.
Récit du 7 avril :
Un homme me dit que Nathalie a de gros problèmes. Cela m’inquiète. Je réponds que je vais
aller voir.

Les différentes significations :
1) Interprétation Œdipienne :
Étant donné que le premier rapport tactile et affectif est vécu dès la naissance par le bébé
dans les bras de sa mère, l’échange entre chien et son maître évoque d’un certaine façon cette
relation. Ainsi dans de nombreux rêves le rapport au chien code le type de dépendance affective
vécue avec la mère dans la prime enfance. Par conséquent ce rêve montre les soucis que la rêveuse
se fait pour sa mère, qui, au fil des années, est marquée physiquement par les épreuves de la vie.

2) Interprétation liée directement à la réalité :
La rêveuse (X) fait la connaissance d’un homme puis, plus tard, le couple décide de vivre
dans un même appartement. Ainsi X, nous confie qu’elle ressent très douloureusement la séparation
avec sa vieille chienne depuis son départ du foyer familial (comme si la chienne souffrait
affreusement de ne plus vivre auprès de sa maîtresse).

3) Interprétation liée à la vie du couple :
X ressent également chez son ami qu’elle trouve très gentil «brave» une certaine inquiétude
et ne veut pas lui faire de mal. Elle identifie la souffrance du chien aux problèmes de son
compagnon. Cependant elle se rend très régulièrement chez ses parents pour retrouver également
son animal tant aimé.
Son ami ne se gène pas pour lui dire qu’il trouve cette relation trop exagérée. Et même si la
jeune femme fait passer sa vie de couple en priorité les liens qui l’unissent à son passé sont très
importants.

4) Interprétation professionnelle :
À travers ce rêve on voit bien comment la rêveuse s’est dirigée vers son métier d’éducatrice
avec le désir d’aider et de protéger les êtres «en souffrance».

5) Interprétation relationnelle et sociale :
Cette approche va se faire en prenant le deuxième rêve comme étant directement lié à la
réalité et le premier rêve étant symbolique. Or, l’un des aspects des rêves est de toujours montrer un
passage progressif du flou au net. Nathalie (N) est codée, elle aussi, par l’animal.
N. est la meilleure amie de X et elle est également éducatrice ; elle a eu dans la réalité des
gros problèmes professionnels. Alors qu’elle travaillait de nuit N. a été rouée de coup par l’un des
pensionnaires. Ainsi le chien au sol et souffrant code ce qui est réellement arrivé à N. La rêveuse
s’inquiète pour son amie. Il est à préciser que N. a des problème de poids désignés par la phrase :
«de gros problèmes».

6) Interprétation transférentielle :
Le chien est très souvent le symbole du guide intérieur parfois figuré par un policier : «c’est
un…chien de policier». Dans la tradition égyptienne Anubis code ce guide psychopompe et dans la
mythologie greco-romaine il est Cerbère, le gardien des enfers. Dans les rêves le chien est souvent
un compagnon amical et protecteur qui nous aide dans notre parcours ; il apparaît souvent à notre
côté dans des caves, des galeries souterraines et d’autres fois à l’entrée d’une grotte. Il est protecteur
comme la mère et guide comme le père (ou plutôt comme la fonction paternelle) ; il est un passeur
d’âmes.
Dans ce rêve le chien désigne l’analyste ; la rêveuse sait que j’ai effectué 5 ans dans l’armé :
«c’est un chien qui a fait l’armé». On retrouve mon nom de famille dans la phrase : «il me fait
penser à un setter Irlandais» (m-irand = Mirande).
Ce chien ressemble au thérapeute : «cet air de Mirande» ; soit «setter irlandais».
Sur le plan transférentiel la rêveuse renverse les rôles, puisqu’elle veut (à travers le symbole
de la chienne) aider le thérapeute ; d’un autre côté elle perçoit une deuxième force (désignant
d’autres ressources du thérapeute) à travers l’image des deux animaux : «puis, j’aperçois deux
chiens, j’ai peur qu’ils agressent ce chien par terre».

7) Interprétation physiologique subtile :
Les chiens codent les trois énergies du corps subtil dans la physiologie énergétique appelée
Ida, Pingala et Suchumna ; soit le yin, le yang et le tao dans la philosophie chinoise, l’anima,
l’animus et l’unité des deux ou, si vous préférez : le féminin, le masculin et l’androgyne (conciliation
des deux).
Dans ce rêve les énergies intérieures de la rêveuse sont encore en opposition : «puis,
j’aperçois deux chiens, j’ai peur qu’ils agressent ce chien par terre».
Dans le deuxième rêve le prénom Nathalie code ces trois énergies qui s’unissent en forme de
spirale dans le corps subtil évoquant les trois mèches des tresses de cheveux : Nathalie = Nattes à
lit et allie les trois mèches de ta natte. Dans le lit, les trois fils qu’il convient de réunir par le
mécanisme du rêve sont les trois énergies fondamentales. Les «gros problèmes» de Nathalie
présentent les problèmes énergétiques de la rêveuse mais elle veut s’en occuper : «je vais aller la
voir».

8) Interprétation métaphysique :
Le chien code le guide intérieur de la rêveuse, le «Maître Intérieur» dans la mystique. En
psychanalyse il code le thérapeute intérieur. Les trois chiens désignent les trois aspects du guide
intérieur, Mercure, Soufre et Sel en Alchimie, les trois énergies fondamentales, les trois rois mages,
le corps, l’âme et l’esprit. Les trois chiens, en se complétant, forment les trois aspects du Maître
intérieur. Le conflit entre les trois chiens montre le travaille d’unification qui reste à réaliser
(puisque les animaux se complètent).

9) Interprétation synthétique :
«Tout ce qui apparaît dans un rêve est une image de soi». C’est la première et l’ultime
clef du rêve, celle qu’il ne faudra jamais oublier.
Ainsi, le chien c’est la rêveuse elle-même qui, en fonction du vécu avec ses parents dans
l’enfance, devra, tout en privilégiant son évolution intérieure et sa vie de couple, ne pas négliger son
affection pour ses parents, son amie Nathalie ou sa chienne. Il semble qu’il lui soit nécessaire de
tout concilier en sachant que c’est plutôt le thérapeute qui peut l’aider et non le contraire. La rêveuse
souhaite, on le voit déjà dans le choix de son métier, aider les uns et les autres. Mais c’est elle-même
que X doit prioritairement secourir car : «on ne peut donner que ce qu’on a». En faite c’est la
rêveuse qui a «de gros problèmes».
Pour cela X devra faire grandir son maître intérieur qui, selon le rêve, semble en avoir
besoin : «je vois un chien ; il est sur le sol couché ; il soufre ; je l’entends crier»… elle a un peu
peur de faire grandir ce guide, de le confronter à deux autres guides : «j’aperçois deux chiens, j’ai
peur qu’ils agressent ce chien par terre». X doit accepter d’être «surveillée» et «de se voir» plutôt
que de surveiller : «je reste là à le surveiller» tout en allant vers les autres : «Je réponds que je vais
aller voir».

Sur un plan métaphysique ce travail conduit à un universalisme individualisé dans
lequel les trois chiens codent les différents guides, directeurs de conscience, maîtres spirituels,
dont la cohésion mène au Soi. C’est ce désir de réalisation spirituelle qui conduit la rêveuse
dans sa quête personnelle au quotidien.

Nous conclurons sur un quatrain du poète, philosophe François Brousse :

« Le chemin du rêve
Jamais ne s’achève.
Il monte sans trêve
Vers l’intemporel »

Bernard Mirande
psychologue et onirothérapeute
président de l’association S.O.N.G.E.

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